FHT - J6 – Jeudi 18/05/2017

Avant-course
Fait rare ce matin : le départ est donné non pas à 06h30, mais à 09h30. Une bonne occasion de récupérer quelque peu.
Il pleut : nous rangeons les toiles de tentes trempées dans le grand sac mis à disposition par Anne-Sophie. Croisons les doigts qu'on puisse les faire sécher dans la journée.
La nuit a été finalement peu reposante : on s'est couchés plus tard que d'habitude, Rémi poussant même la fête avec les bénévoles et quelques irréductibles jusque 02h30.
Une chose est sure ce matin : Rémi et moi avons choisi le même jour comme « jour sans ».

Section 25 (Canoë) – Poupehan-Camping - Alle – 7,6km – 0D+ / 7D-

Tandis que Rémi et Yoni prennent le départ la journée, avec un peu de difficulté il faut bien l'avouer, Rémi sortant pour tracter le bateau après quelques mètres, Gwendoline et moi nous rendons au point de relais où nous attend Laurent L'UB qui a gentiment accepté de bousculer son planning pour que nous puissions jouer notre carte à fond.
Gwendoline est ailleurs ce matin : un aigle passe (ou un truc qui ressemble),je lui fais remarquer, pas de réaction. Un écureuil traverse la route : même réaction. Bref, la méforme est généralisée.
Sur la route, super panorama sur la rivière en contrebas.
Arrivé sur place, Laurent est déjà là : je lui file le gilet de sauvetage, qu'il oubliera sur la voiture de Jeanne. Il nous file sa veste de jogging, que nous oublierons de lui rendre.
Je lui propose d'essayer le VRAI : il me fait quelques frayeurs en faisant craquer les vitesses dans une petite montée. Laurent a déjà descendu quelques rivières, il nage 2000m 2 fois par semaine : ça devrait le faire !
Rémi et Yoni en terminent, toujours aussi enthousiastes sur le dynamisme du parcours : ils ne viendront pas faire du canoë en famille (scoop du jour au passage : Yoni indique à Rémi qu'il est papa d'un petit garçon de 6 mois. Le filou!)

Section 26 (Canoë) – Alle – Vresse sur Semois – 7km – 0D+ / 8D-
Au tour de Gwendoline et Laurent de ramer. Laurent crevant notre nouvelle mascotte abeille en ballons en y posant délicatement sa grosse paluche dessus.
Au point de relais, je commet l'acte odieux de me garer devant le cabinet d'un médecin.
Sa manière de me demander d'aller me garer 12 m plus loin pour qu'elle puisse stationner sa caisse à savon me fait bouillir intérieurement, mais je prends sur moi et lui fait courtoisement comprendre que je n'aimerai guère être l'un de ses patients.
J'ai aussi envie de lui expliquer tout le chemin qu'on a fait pour arriver jusque là avec des personnes en situation de handicap, mais je renonce à perdre mon temps avec elle...

Antoine, des CGI Lib, est un ancien canoéiste de niveau national : j'en profite pour lui demander 2-3 conseils pour la section chrono qui s'annonce. En gros, le plus important c'est ramer en même temps, pour que le bateau reste le plus droit possible.
A noter que ces conseils sont prodigués sous un pont sentant la pisse. Juste pour situer le contexte.
C'est sous ce même pont que Rémi et moi en profitons pour féliciter Anne-Sophie du travail exceptionnel qu'elle a mené ces derniers mois, et forcément encore plus de manière visible pour nous ces derniers jours.

Tout s’enchaîne comme d'habitude très rapidement :
  • On accueille un groupe de supporters venus en masse nous soutenir en compagnie de Laurent
  • On mange 3 chips, un bout de pain et quelques pâtes
  • On enfile nos tenues de combat
  • Et on repart
Je demande juste aux CGI Lib de partir juste derrière nous, histoire qu'on les ait en ligne de mire dès qu'ils nous auront doublés.

Section 27 (Canoë) – Vresse sur Semois - Membre – 4km – 0D+ / 3D-
Yoni et moi, on part à fond sur ce chrono de 4km.
On rattrape vite 2-3 bateaux, dont celui de Gervais.
Les CGI, partis 30s après nous, nous dépassent après quelques minutes seulement. Ils alternent en changeant de côté tous les 10 coups de rame.
De notre côté, ramant toujours du même côté, nous souffrons sévère !
L'effort s'achève après ½ heure : nous sommes satisfaits de nous (nous faisons 3ème sur le chrono), mais rincés de chez rincés.

Pas vraiment le temps de souffler, juste de tenter de distraire Yacine pendant son interview, de plier et ranger le bateau, de me remettre en tenue de cycliste, de faire régler mon vélo à la 6-4-2, …, que ça redémarre déjà.
Petit coup de stress intérieur sur le coup, la fatigue n'y étant pas étrangère : je le sais, de coutume, si je suis chafouin, c'est que je suis fatigué.
Dans la confusion, Anne-Sophie prête mon casque à une collègue Humanis qui va courir la section en mode touriste (pense t-elle!) avec une autre collègue : bah j'aime pas rouler sans mon abeille, c'est notre signe distinctif !

Section 28 (VRAI) – Membre - Charleville-Mézière – 26km – 444D+ / 475D-

Laurent aide les Kiloutou

Je roule avec Gwendoline : du coup, l'agitation des minutes précédentes a disparu : nous voilà repartis très tranquillement. Si tranquillement que nous nous retrouvons en queue du cortège.
Mais on avance.
Même qu'on rejoint Gervais et son UB du jour.
Je continue à donner des recommandations à Gwendoline sur la manière de passer ses vitesses, et j'insiste sur le fait qu'il est important qu'elle contribue à pédaler.
Anne-Sophie, qui suit les collègues Humanis en voiture, nous booste à de multiples reprises, allant même jusqu'à nous ravitailler en eau et barres de céréales.
J'abandonne définitivement toute tentative de motivation ou d'incitation à se dépasser chez Gwendoline après 10 km, constatant que le résultat obtenu est inférieur à l'énergie que je dépense pour le produire. Je me place désormais dans une bulle, et je pédale seul ou presque. Et par de brefs instants, 5 à 6 secondes en moyenne, je sens que Gwendoline « reconnecte » : elle pédale à bloc, et puis plus rien.
Mais comment elle vit ça de l'intérieur, c'est un mystère que je n'aurai malheureusement pas su élucider après 8 jours passés avec elle.
Il pleut à nouveau, et une longue descente dans des chemins boueux va littéralement repeindre Gwendoline : il faut dire qu'en VRAI, celui qui est à l'arrière prendre généralement cher en terme de projections !
Fin de section au cœur de Charleville-Mézière, sur une magnifique place.





L'organisation profite de l'estrade installée là pour prendre une photo de l'ensemble des équipes : le soleil est revenu, l'ambiance Free Handi'se avec, même si on lit désormais la fatigue sur un nombre toujours plus important de visages.


Section 29 (VRAI) – Charleville-Mézière – Les vielles forges – 19km – 382D+ / 282D-
Rémi et Yoni se chargent de la dernière section du jour, d'autant qu'elle contient une portion chronométrée : ils envoient du lourd, et terminent 3èmes. Nos espoirs de podium sont toujours permis !


Ils arrivent sur le camp, alors que moi, aidé de Jeanne, nous n'avons toujours pas terminé d'installer les tentes, sur un terrain très dur, rempli de cailloux.
Jeanne et moi auront beaucoup échangé durant cette aventure. Après l'avoir vivement remercié sur le soutien qu'Anne-Sophie et elle nous apportaient, et principalement par rapport à Gwendoline, nous dissertons sur le cas de cette dernière.
Et en arrivons à la même conclusion qui est que le Raid n'est peut-être pas le « voyage » qui lui convenait le mieux, que nous lui apporterions sûrement quelques moments de joie durant cette semaine, mais que le changement que nous commencions à observer chez les autres n’opérerait que dans une infime mesure chez elle.
Jeanne me confiera même plus tard que c'est Gwendoline qui finalement lui aura apporté le plus, en justifiant pleinement sa présence parmi nous.
Et de manière plus générale, il n'est pas exclu que ce sont les personnes valides qui auront retiré le plus de cette expérience...

Post-course
J'ai besoin de m'isoler un peu. Ce raid m'aura une fois mis en face de mon handicap à moi : ma capacité à aller vers les gens que je ne connais pour discuter de tout et de rien.
C'est un truc qui peut paraître con, à Rémi, à Géraldine, à Yacine, à Fétri. Mais moi, je ne sais pas faire !
Les équipes échangent entre elles, les affinités se créent  : moi, je reste focalisé sur le « clan » Humanis. C'est leur bien être à eux qui prime avant tout, et j'échange finalement peu avec les autres.
Ça restera mon plus gros regret post-raid : j'ai raté des trucs, j'ai raté des gens, j'ai observé tout ça par un trou de serrure.

Je vais au bord du Lac où quelques années plus tôt Titia avait bousillé notre dernier appareil photo en le laissant tomber dans le sable.
Sa présence parmi nous avec les enfants demain est confirmée : ma petite famille pourra faire connaissance de manière apaisée, avant le tumulte de la grand-place samedi, avec ces personnes avec lesquels j'ai commencé à tisser des putains de liens.

J'assisterai encore à ceci avant d'aller me coucher :
  • La découverte du duo fraises-chantilly : une révélation pour moi, Jeanne était scotchée que je ne connaisse pas !
  • Une danse des filles (Anne-Sophie, Géraldine et surtout Gwendoline), devant mes yeux éberlués. Je suis crevé de chez crevé, et elles, elles dansent ! Mais ça fait plaisir à voir.
  • Une chanson massacrée par les CGI'Vrai (entre autres), déguisés en Mario, Peach, ..
  • Sur une idée de Géraldine, à des jets de cœurs Humanis pendant le repas, auxquels il a fallu mettre fin de manière ferme auprès des enfants les plus désobéissants du groupe, à savoir Kévin et … Jeanne ! (dont la puissance de jet n'a finalement atteint personne situé plus loin que la table d'à côté).
  • Une marseillaise pendant le repas
  • Quelques éclairs annonçant une nuit quelque peu orageuse

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