Raid du Touquet 2015 : J1

LA COURSE
J1 - Samedi 11/04/2015.

Canoé : 1h33, 7,86 km
17h15
Tous les coureurs sont reculés d’une centaine de mètres, on fait une sacrée ligne dis donc. Je me sens toute excitée, pas tressée, promis  On va faire un Raid, tous les 2 ! Il y a de quoi kiffer le moment quand même !!

Nous avons désormais 6h00 pour rallier l'arrivée, celle-ci étant fixée à 23h15.
 
Avec un bon quart d'heure de retard, les fauves sont lâchés.
3 – 2 – 1 C’est partiiiiii !! Et là, plus de 700 personnes qui courent dans le sable comme des malades pour récupérer un canoë, la scène est impressionnante. 
 


La course démarre par un sprint en ligne d'une centaine de mètres sur le sable, l'objectif étant de récupérer son canoé le plus vite possible pour éviter les bouchons. Je pars comme une balle, chope le canoé, le passe au dessus de la 1ère rangée, et demande à Titia de s'installer : sauf que je ne l'ai pas assez avancé, résultat, je lui demande de ressortir, et du coup l'oblige à se mouiller les petons, ce qui était à éviter. 
Les premiers coups de pagaie m'amèneront à penser que ce sprint n'était pas des plus utile : la canche fait facilement 500 mètres de large à son embouchure, on a la place !

Ça y est, non sans mal on est dans le canoë. En fait, c’est difficile le canoë, je ne m’en souvenais plus… Et sérieux, on n’est vraiment pas bons… On se fait doubler et doubler encore… Pouah… Je n’ose pas demander à Séb si ça va…

Les premières centaines de mètres ne me rassurent pas : on a le vent dans le dos, et pourtant, on se traine. Et on se fait continuellement doubler. Alors que nous nous étions pas mal débrouillés lors de cette épreuve au Raid Agglo de 2014, cette fois-ci, nous sommes à la ramasse.
Et je rame, je rame (au sens propre comme au figuré). En fait, lui aussi galère...

 

Les 2 premiers kilomètres sont de ce fait pénibles, et plutôt que de me prendre la tête avec ça. Et là il prend le parti du « tant pis, on est pô bons alors autant profiter ».
Je décide de positiver : me revient en tête un bout de chanson que nous avions vu la veille sur Internet dans une vidéo de Yohan Metay (le gars qui joue le spectacle la tragédie du dossard 512) et Seb Chaigneau, un ultra-traileur. (disponible ici : https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=6Z1CnmY-jBg).
« Va cours vole, vers la ligne Finisher euh ! Va cours vole, écoute ton coeur euh !

Les champs de blé aux azurs célestes, you are the meilleur, and you are euh the best ! » Cet air, je le fredonnerai finalement tout le week-end, intérieurement la plupart du temps, et qui a fini par me gonfler très fort. Mais sur le coup, ça nous aura permis :

  • De nous détendre, et de profiter de l'instant présent
  • De pagayer moins fort, mais avec plus de plaisir
  • De prendre 2-3 photos (bon, en ayant fait un 360° au passage, l'axe de rotation étant la perpendiculaire au bateau et non la parallèle à la surface de l'eau fort heureusement)




Au bout de 4 km, 2 options se présentent :

  1. Amarrer, sans pointer la balise
  2. Continuer en pointant la balise, mais en faisant 4 kms supplémentaires

Vu notre perf sportive, on décide de sortir, beurk c’est vaseux : Nous choisissons donc l'option 1, pensant que le non-pointage de la balise nous pénaliserait de 30 minutes, et qu'au final, nous serions gagnants.

Après avoir posé pieds au sol (ferme), le gars qui nous suit nous demande la durée de la pénalité : du coup, je vérifie pour ne pas les induire en erreur. Oups, c'est 2 heures, et pas ½ heure. Bah du coup, on rembarque !

Les embarcations qui nous suivent désormais ne sont plus qu'une vingtaine, sur 380 environ au départ. Nous sommes vraiment à la ramasse : mais on s'en fout, nous sommes heureux d'être là, je sifflote et commençons déjà à croiser les équipes qui reviennent en sens inverse. Rien à dire, ils sont plus efficaces que nous, mais ils sifflotent moins !

Au bout de 6kms, ½ tour : c'est face au vent que nous revenons désormais au débarcadère.

Nous accostons sur une berge un peu raide, et c'est non sans peine que nous sortons le canoë de la flotte. 
Quelle joie d’en finir après 1h36. Mais en fait, c’est po fini. Il faut remonter le canoë et là… c’est terrible. Je m’enfonce dans la vase, je galère à porter le canoë, j’ai très très froid, je n’y arrive pas…
Le vent souffle : Titia est congelée.
Et les spectateurs qui ne nous aident pas « peut-être que ça vous compterait comme une pénalité », au secours. J’ai besoin d’aide. Un peu plus haut, un gars de l’organisation vient m’aider, je suis bleue, je grelotte, je n’arrive plus à parler. 
Un gars de l'organisation m'aide à porter le bateau sur les 100 derniers mètres. 
J’essaie de sortir mon k-way de mon sac pour me protéger mais mes doigts ne répondent plus, j’aimerai demander de l’aide mais je ne parviens pas à sortir un son… Ouf, une dame de l’organisation m’a vue et m’aide à enfiler mon k-way. 

J'enfile aussi mon coupe-vents : le Red-Bull ne nous réchauffe pas des masses. Pas de ravito :-(
Et c’est dans cet état-là que je grimpe sur mon VTT pour 35 bornes. Je suis contente car mon corps souffre mais mon esprit est au taquet 
 
VTT : 2h04, 34,18 km
Le 1er km est difficile : Titia a les pieds gelés et regrette de ne pas avoir emmené une paire de chaussettes de rechange. A noter pour le prochain raid : emmener des chaussons d'eau pour le canoé pour éviter de se geler les pieds.

C'est dans une montée en sous-bois que nous commençons à monter en température : je ramasse un gel perdu au passage. Peu à peu, alors que le VTT n'est pas l'activité préférée de ma coéquipière préférée, nous commençons désormais à grappiller des places. Et les équipes que nous avions croisées souffrant mais devant nous sur leur canoë, nous les déposons toujours en souffrance, mais derrière nous. Et Titia se met à me surprendre : là où la majorité des raideurs sont en mode PTV (Pousse Ton Vélo) dans les côtes les plus raides, elle continue à pédaler le sourire aux lèvres (non, ça c'est pas vrai le sourire !).
Le VTT est moins compliqué que ce que je pouvais craindre. En même temps vu les entraînements que j’ai connu (hi, hi, j’ai failli noter subi… pardon mon chéri), ça pouvait difficilement être pire. Je grimpe plutôt bien et dépasse des hommes et des femmes à pied, j’avoue que je kiffe !!


 Dans les descentes, ou sur les chemins plus plats, nous nous faisons à nouveau dépasser : mais dès que ça grimpe, on repasse. Du coup, tout doucement, les équipes derrière derrière nous ne sont plus 20, mais beaucoup plus.

Au bout d'une petite vingtaine de kilomètres, nous entrons dans une zone industrielle : une carrière de craie ! Ici, personne ne passe jamais en VTT : et c'est dans un décor presque irréel que nous parcourons quelques kms. Nous avons l'impression d'être très très loin de tout.

C’est génial, j’en prends plein les yeux, c’est vraiment insolite ! J’ai encore bien froid (surtout aux pieds) mais globalement ça va assez bien, je suis vraiment contente d’être là, je profite de l’instant présent sans ménager mes efforts.



La sortie de la carrière correspond théoriquement au début de la section Roller / Trottinette que nous parcourons à regret en VTT. Il s'agit d'une longue ligne droite qui nous ramène au port d'Etaples, là où nous avions embarqué sur nos vélos. 
A ce moment-là, je suis presque contente que ça soit en vélo. 11 bornes en trottinette, ça n’aurait pas été rien 


Pour le 1er jour, j'ai eu la mauvaise idée de ne pas emmener mon porte-cartes : de ce fait, nous nous contentons de suivre les autres équipes.

A un rond-point, personne devant : on fait quoi ? Tout droit, à gauche, à droite ? Nous attendons les équipes qui nous suivent pour mater leur carte : c'est à droite qu'il faut tourner, là où naturellement on aurait envie de filer tout droit. Certaines équipes se sont d'ailleurs faites prendre au piège, ratant au passage un CP, et se faisant pénaliser d'1/2 heure.



Sur la dernière ligne droite qui amène au ravitaillement tant espéré, j'aide un peu Titia en la poussant. C'est sur ces sections où il faut plutôt un physique de Cancellara que de Pantani qu'elle est surtout à la peine.


Ravitaillement (9 mn)
Nous déposons nos VTTs, et prenons notre temps pour refaire les stocks : cacachouètes, chips, orange, bananes, coca, gaufrettes, … Tout dans n'importe quel ordre évidemment. Je vais récupérer la carte du CP, pendant que Titia cherche un endroit pour soulager un petit besoin naturel...
La nuit est tombée, je suis contente, je rêvais vraiment de la CO dans le noir.


Course d'orientation : 02h04, 15,8 km
Le hic… mes pieds, ils sont gelés et douloureux et chaque appui sur le sol me fait mal, et zut, moi qui attendait cette partie avec impatience… Ouf, avec un Doliprane la douleur devient supportable, je suis repartie, plus motivée que jamais. Pour me soulager, Séb pointe 2 balises sans moi, ça sera les seules qu’il fera sans moi, mon amour propre et ma motivation sont de retour, tadam !!!


Et là, c’est parti dans les petits chemins. On arrive dans un endroit très étrange, je ne sais pas trop comment expliquer c’est dommage. En fait, c'est le lit de la canche à marée basse ! En tout cas, c’est rempli de végétaux bas (qui grattent les jambes d’ailleurs) et il y a des fossés partout mais partout. Il faut sauter par-dessus et ceux qui me connaissent savent que ça c’est horrible pour moi. Me jeter, faire un saut en avant, je ne sais pas faire… Je ne sais même pas sauter du bord de la piscine… Oui, c’est la honte, tant pis j’assume… Séb me motive, me pousse, et hop, un saut, deux sauts, je flippe vraiment et que de vase, on s’enfonce, ça glisse. Je suis contente d’avoir vécu ça, c’était vraiment à faire et puis, forcément, il y avait une balise. 
La balise 4 nous donnera plus de fil à retordre : 5 minutes à cherche à un arbre penché, ça agace ! 

Ensuite, ce sont les dunes qui nous attendent. Courir dans le sable, dans la nuit, ça aussi c’est génial. On cherche une première balise. Un gars que nous croisons nous l’indique en haut d’une dune, il dit que c’est sport et presque nous incite à la laisser tomber celle-là, il est fou lui, nous, pas aller chercher la balise parce qu’il faut monter et puis quoi encore . On y va ensemble et on fait bien car là-haut il y a un gars, si on n’est pas à 2, on ne peut pas bipper.

On redescend et c’est parti pour la balise 7 dans les ruines d’un Blockhaus. Ah cette balise 7, elle restera à jamais dans nos mémoires car… on ne la trouvera jamais… La seule balise non pointée à notre actif… Nos seules 30 minutes de pénalités qui nous ferons rater la 3ème place du Podium Equipe Mixte V1... Et pourtant on l’a cherchée cette balise et on était nombreux sur site à la chercher… Dans les ronces, en haut, en bas, à gauche, à droite, on a tout essayé… ‘fin pas tout puisqu’on ne l’a pas trouvée… Tant pis, on continue et c’est maintenant en ville qu’on se retrouve. Là un autre moment mémorable, on croise des équipes à chaque croisement, dans tous les sens, on s’entre-aide, on échange quelques mots, j’aime beaucoup l’esprit. Par contre, heureusement que Séb est plutôt doué une carte en main parce que ça moi…

Et voilà, fin de l’épreuve, barrière horaire à 23h15, il est à peine 23h. Première journée, check !!! Youpi, youpi, je suis remplie de joie. On est fiers vraiment fiers de nous à ce moment-là, j’avoue et quel plaisir de faire ça à 2 !!!

Après-course

Direction le ravito, on a faim. On espérait une pasta party, en fait c’est demain. Tant pis, pour le souper, ça sera soupe (qu’elle fait du bien cette soupe !!!), cake, chips, banane, orange, raisins secs et cacahuètes le tout en même temps, j’adore !

On rejoint la tente. Bon, on est vraiment que 7 équipes sur place, je reste surprise. L’esprit Raid c’est ça aussi, la tente, la douche dans la salle de sport (pas chaude forcément, si elle était chaude, ça serait pas « raid » ).

Séb part sur Etaples récupérer nos vélos. Vers 00h30, c’est l’heure du dodo. Je suis rassurée de constater que sous le sac de couchage je n’ai pas froid. Par contre, ça m’ennuie bien quand à 04h00 du mat’, je suis obligée d’en sortir pour faire pipi, bruuueuh il fait froid dehors. La Météo a indiqué 2° pour la nuit.


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