Le programme : 105 km, 1700mD+
Samedi 30/05/2015
04h00.
Sont présents Karl Psica et Hervé Richez; Il y a un mois, ils étaient sur le 110 du Radicatrail pendant que moi j'étais sur le 60 du Roc de la Lune, à Saint-Jean-du-Bruel avec le team Humanis.
Km 0 : Karl m'annonce qu'il va courir tranquille; je le crois à moitié. Pareil pour moi : il y a une semaine, j'avais du mal à suivre Titia sur une sortie de 10 bornes. Après avoir enchainé les courses ces derniers temps, je ne sais pas trop à quoi m'attendre aujourd'hui.
Les premiers kms sont plutôt sympa : petits singles qui serpentent, montées-descentes pas trop techniques : on s'échauffe tranquillou. Un petit groupe de tête de 4-5 mecs se forme, je suis dans le second groupe, à la dixième place environ. Après quelques kms, le long d'une crête, j'aperçois en contrebas un chateau illuminé dans la nuit : c'est juste magnifique. Mon périple démarre plutôt bien.
Km 8 : Ma frontale n'a plus de jus. Je m'arrête pour changer de batterie, pas question de prendre le risque de courir dans l'obscurité, et laisse partir le groupe des 10 premiers, j'aurai bien le temps de recoller; je me retrouve 15ème.
Km 9 : Le premier gars de notre petit groupe a raté une bifurcation à gauche pour attaquer le terril. On cherche la rubalise, et en suivant la route sur 200m, je finis par retrouver le parcours sur la gauche. Le hic : en récupérant le parcours là, on zappe une partie de la course (environ 500m) et on se retrouve en tête de la course. Je prends rapidement les devants à me demander ce que je fous là, seul devant la meute, sur un trail de 100 bornes, à une place que je n'ai pas lieu d'occuper. Je fais quoi ? Je ralentis ? Je continue ? Le sort en décidera rapidement autrement.
Km 10,5 : Alors seul en tête, pour avoir vu sur facebook que le parcours empruntait un cours d'eau au 10ème km, je m'enfonce à tort dans le courant sur une trentaine de mètres, saute dans la petite cascade pour me retrouver avec de l'eau jusqu'au short, et réalise à ce moment là que la publication était une connerie. Même chemin dans l'autre sens, je suis trempé, et me demande comment j'ai pu être aussi con. J'ai perdu 3mn dans l'affaire. Le petit groupe est repassé devant, les "vrais" 2 premiers reviennent sur moi vers le 12ème km.
Ravito 1, km 15, 1h27. Bruay-la-Buissière.
J'arrive là en 4ème position, les 2 vrais premiers, et un du petit groupe ayant coupé au km 9. Je repars en même temps que le vrai 3ème : il est en rage de doubler des gars depuis plusieurs kms : je lui annonce qu'on s'est plantés, et le rassure en lui indiquant que les seuls qui restent devant n'ont rien coupé.
Km22. Ici a lieu une course dans la course; un contre-la-montre en montée-descente du terril. Karl me rattrape au pied de la montée, et envoie grave dans l'ascension, en courant. J'y vais tranquille : il me mettra facile 1mn dans la vue, je le soupçonne d'avoir joué le jeu du chrono. Je me retrouve alors 5ème en quittant le terril. Et je me dis qu'il y a encore du monde qui va revenir derrière.
Km 24 : Encore une faute d'inattention, je rate un virage et ajoute 400 m au parcours et 2mn30.
Le parcours est relativement roulant : les kms défilent rapidement, et sur les parties plates ça court aux alentours de 12km/h. Un rythme plus élevé qu'à Millau, et j'espère ne pas devoir payer par la suite cette vitesse. Mais je suis à mon rythme, sans forcer, alors je continue...
Je traverse désormais le parc d'Olhain : un coin que j'adore pour y avoir couru encore récemment, lors du trail du patois il y a 3 semaines. Je longe le golf dans le sens de la descente, le kiff !
Un autre coureur me dépasse sur ce tronçon, en sortie du parc d'Ohlain : il a bien grapillé dans les parties techniques là où moi je joue la prudence en marchant dès que ça grimpe un peu sec.
J'appelle Titia pour lui donner de mes news : elle est dans la navette pour rejoindre son point de départ à Loos en gohelle; Je lui annonce que je suis 6ème, publication aussitôt affichée sur Facebook ;-)
Ravito 2, km 37,5, 3h40. Hersin-Coupigny.
J'arrive quand le 5ème repart. Je me pose 2-3 mn, refais les stocks. Il y a l'embarras du choix, même des bonbons !
Pour me changer les idées, chose rare, je décide d'écouter un peu de musique : l'effet est immédiat; Je me retrouve dans une bulle et j'oublie complètement mes jambes qui commencent à picoter; le truc chiant, c'est pour échanger avec les bénévoles sur le parcours. Je passe le marathon en 04h06 : je trouve ma moyenne un peu rapide pour un trail de 100 bornes, mais tout va toujours bien.
Au sortir des terrils de Grenay, que nous n'avons fait qu'effleurer sans les grimper, je reviens sur un coureur qui avait été second dans les premiers kilomètres de la course. Il n'est pas blessé, il m'annonce qu'il n'a pas la tête aujourd'hui : il se traine; Je pense aussi qu'il a démarré trop vite. Je me retrouve donc 5ème en arrivant au 3ème ravito.
Ravito 3, km 52, 5h03. Grenay.
Une fois de plus, je prends mon temps pour me ravitailler. Plein des gourdes, coca, bananes, chips. Les bénévoles sont vraiment super sympas.
Prochaine étape : les terrils de loos en gohelle.
Titia a démarré sa course il y a quelques minutes : elle a 4 km d'avance sur moi, j'espère la rattraper !
J'aperçois au loin les coureurs du 50 sur le terril : je me dis à ce moment là que j'en doublerai surement pas des masses. J'en rattraperai finalement 56 sur les 147 au départ.
Au pied de la montée finale au terril, Karl me salue : il est passé second au classement. Cool ! Je double ses 3 poursuivants dans la montée. Le raleur du 1er ravito, Olivier Bellengier est désormais 3ème, mais suivi de très près par Matthieu Ravent. Dans la descente, c'est à moi de croiser mes poursuivants : Christophe Bailleul au pied du terril, et Christophe Ghesquière un peu plus loin.
Nous nous dirigeons désormais vers Liévin, contrairement à l'an dernier où nous traversions Lens. Le parcours intermédiaire y gagne en distance (8 km, pour passer de 42 à 50 km), mais pas forcément en qualité, les kilomètres qui suivent désormais n'étant pas des plus passionnants.
Rapidement, à ma grande surprise, je rattrape les derniers du 50km : et vu leur allure après 10 km de course, je me demande comment certains ont pu s'inscrire sur une telle distance. Le parcours est monotone, en ligne droite, à travers champs : pas trop de trace de fatigue, mais mes réserves d'eau commencent à s'alléger.
A Angres, en traversant le village, 2 petits vieux, voisins d'en face, m'encouragent. J'hésite... Je fais 1/2 tour et en profite pour demander à la dame de remplir ma gourde : elle insiste pour me donner une petite bouteille d'eau, fraiche de surcroit. Elle me demande d'où je viens et où je vais : quand je lui annonce que je viens de Gosnay, que j'ai fait 63 km, et qu'il m'en reste plus de 40, elle me prend pour un extraterrestre :-)
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Ravito sauvage |
Km 64 : on revient enfin sur des petits chemins, que je connais bien, ceux du trail des mingeux de maguette. Les km défilent, et j'appréhende le passage du km 70 qui m'avait cassé les jambes, et surtout le moral à Millau. Je le passe à Liévin, au val du souchez, en 07h04 : Christophe Ghesquière vient de me doubler, j'espère qu'il sera le dernier à le faire; je suis à nouveau 6ème. Les quelques montées de terrils qui suivent font que je le perd rapidement de vue : je m'économise un max pour ne pas me griller.
Les chemins qui nous mènent désormais vers Hénin-Beaumont sont relativement plats, en longues lignes droites. Le passage au parc des glissoires, à Avion, au km 73 casse un peu cette monotonie. J'ai hâte d'arriver au ravito, je commence à avoir un coup de mou.
Ravito 4, km 75, 07h41. Avion.
Je décide de me poser quelques minutes. La fatigue me gagne, et je m'en aperçois car je bafouille en discutant avec les bénévoles. Je saute sur des morceaux de baguette au Nutella : j'en enfile 3-4, et encore des bonbons, des chips, des cacahouètes, ... Finalement, ma pause ne dure que 2 minutes, je repars les jambes lourdes, mais le ventre plein d'énergie.
Les forces me reviennent tout doucement à nouveau : les jambes sont sérieusement fatiguées, mais le moral est au beau fixe. Titia est devant, je sais qu'elle fait une bonne course vu le nombre de concurrents du 50 que je double, et l'écart entre nous se creuse légèrement. Je me fixe désormais comme objectif de battre mon record sur 100 de Millau : 10h51 !
La platitude du circuit a cet avantage de permettre à mes jambes de se ménager, et surtout mon genou qui m'a envoyé quelques signaux de détresse dans les parties techniques.
Je rejoins le parc des îles à Hénin-Beaumont au km 82 : au pied du terril je croise à nouveau Karl. Il est désormais 4ème. Il a 12 minutes d'avance sur moi.
Je grimpe le terril en marchant, sans forcer, j'en profite pour admirer le paysage : le travail effectué ces dernières années pour réhabiliter cet espace est admirable. Les encouragements des coureurs du 50 me boostent; Je réalise que je suis en train de faire une super course. 83 bornes dans les pattes au sommet, et je cours toujours.
Reste la dernière difficulté du parcours, la montée en mode cross du terril opposé : la progression se fait par paliers, Titia ira même jusqu'à comparer ce lieu à un volcan, sic !
C'est dans le descente de ce terril que l'an dernier, lors du 42, j'avais commencé à me faire doubler par les coureurs du 22 : cette année pas de signe de défaillance à l'horizon, je me dis à ce moment que plus rien ne peut m'arrêter.
Seulement, en course à pieds, rien n'est jamais gagné d'avance.
Et c'est au km 92, alors que tout se passe nickel, qu'après une petite montée, mon genou se bloque : plus moyen de plier la jambe, la douleur est vive. Un gars du 50 arrive à ma hauteur, et échange quelques mots avec moi. Lui aussi a quelques misères avec son genou. Plus moyen de courir : la galère de l'an dernier se reproduit. Je suis à 13 bornes de l'arrivée, je ne peux pas me résoudre à rater ma course maintenant après les 09h40 que je viens de passer. Au bout de 10mn et 1 km parcouru, je m'asperge le genou de flotte : ça fonctionne, je repars. Mais je sais désormais que les passages techniques devront être abordés très sagement (même si sur cette course, des passages techniques, il n'y en a pas des tonnes).
Le ravito annoncé au km 92 tarde à arriver; Je traverse désormais le parcours du cross de Harnes, avec quelques passages sympas au travers des espaces aquatiques aménagés récemment.
Ce n'est qu'au km 94 qu'arrive le dernier Ravito, enfin !
Ravito 5, km 94, 10h00 de course, Harnes.
Je sais trop l'importance des derniers ravito pour zapper celui-ci, même s'il ne reste que 10 km à parcourir et un record du 100 km à battre. 2mn pour refaire les stocks, et je file terminer le boulot, bien décidé à garder ma place au classement.
Les premières dizaines de mètre sont difficiles, mon genou se bloque à nouveau : même remède, l'eau fraiche.
La fin est une formalité : c'est du tout plat, ou quasiment; Je continue à doubler des coureurs du 50, qui eux continuent à m'encourager : je me dis que malgré mes 10-11km/h, il est impossible qu'un coureur du 100 revienne, ou alors c'est qu'il en a gardé énormément sous le pied.
Je passe la barrière des 100 kms en 10h39m15s, record battu de 12mn. Un première petite victoire :-)
Je grimpe le pont, virage à droite, et je trace désormais vers Oignies, théâtre de la fin des réjouissances. Un gars nous annonce moins de 2 km : je connais heureusement assez le parcours pour savoir qu'il en reste le double.
Au pied du dernier terril de la journée, je croise le raleur, Olivier Bellangier, qui est repassé à la 4ème place. Je croise Christophe Ghesquière dans la dernière portion de la montée : je comprends que Karl a fini sur le podium, je suis super content pour lui !
L'arrivée vue du sommet du dernier terril |
Dans la descente, mon genou me lance une dernière pique : je pars rejoindre Titia qui m'attend de pied ferme.
Je franchis la ligne d'arrivée en 11h05, super content de ma course du jour. Malgré un petit coup de mou vers le 75ème km, et quelques soucis mécaniques, tout s'est super bien déroulé. Le 7ème finit 20 mn derrière moi, j'avais encore un peu de marge.
Titia quant à elle finit 2ème féminine sur le 50, et 1ère V1. Elle gagne un sac de sport, et 2 bières, que j'ai même le privilège de choisir.
Je récupère ma veste Finisher : ça, c'est du cadeau qui a de la gueule !
Le burger du food-truck et la bière qui va avec s'en suivront pour finir cette journée sur une super note positive.
Pas sur que je revienne rapidement sur cette course, qui n'est quand même pas la plus passionnante du monde, certains terrils n'étant que frôlés, mais je ne saurai que la conseiller pour la découverte de mon joli département du 6-2, si souvent décrié, et pour l'organisation, exceptionnelle !