Marathon de Reims, version Seb




Pourquoi je suis là
Mon 1er objectif de l’année, le marathon de Paris en avril, a été un pseudo échec : parti avec l’objectif de passer sous la barre des 3 heures, je m’écroule dans les derniers km pour terminer en 03h04mn40s, un peu dépité.
La suite de la saison s’est orientée vers la montagne, avec la Pierra Menta début Juillet avec ma pouliche, et le 120km du Grand Raid des Pyrénées fin aout.
La rentrée venue, l’idée de retenter le passage sous les 3 heures au marathon m’a de nouveau titillé, et j’ai jeté mon dévolu sur le Marathon de Reims le 09/10/2016. Le profil n’est pas particulièrement idéal pour établir un record sur la distance, mais la forme est là.
2 semaines avant l’échéance, je réalise mon meilleur temps sur 10km : 38mn10. Ce qui semble insuffisant pour passer sous les 3h au marathon, mais le parcours herbeux par endroits et ma plus grande aisance sur les parcours longs me laissent penser qu’il y a peut-être moyen de tenter un truc en Champagne !

Dimanche 09/10/2016
Avant course
La nuit a été mauvaise. Le stress est monté d’un cran depuis hier, Titia et moi étant arrivés à Reims en milieu d’après-midi samedi 08/10. Et pourtant, toute la semaine, j’étais zen ! Mais c’est toujours pareil :  plus je m’approche de l’échéance, plus la pression monte, et ce ne sont pas les quelques petites pilules que j’ai prises avant de me coucher qui y ont fait quelques chose. J’ai passé une nuit de merde. Ma tronche au petit déjeuner de l’Hôtel traduit bien le peu d’heures de sommeil que j’ai cumulées cette nuit : en plus, j’ai pas faim !
 Et ma pouliche qui s’empiffre avec ses œufs brouillés, ses tartines, ses céréales, son yaourt…

Après nous être préparés pendant 3 plombes, la température annoncée de 2°(Celsius) ce matin nous faisant nous interroger sur la nécessité d’emmener tel ou tel accessoire (gants, buff, manchons de bras, tee-shirt à manches longues, tour de cou, …), nous voilà fin prêts, revêtissant pour la première fois un sac poubelle en guise de surcouche.


C’est trottinant que nous rejoignons nos SAS de départ, violet pour Titia, jaune pour moi.
Nous nous séparons vers 08h10.
Mon départ est prévu à 08h32, 08h36 pour Titia.

Départ.

La 1ère vague a pris le départ à 08h30. Je suis dans la seconde vague : je me retrouve en première ligne. 
08h32. C’est parti.
Le marathon et le semi font départ commun. Les coureurs du 10km eux s’élanceront à 11h00. J’ai déjà fait mes calculs, je dois terminer en même temps que le 1er du 10km si tout se passe bien.

Km 0 -> Km10 : En ville
N’ayant pas eu vraiment le temps de m’échauffer, je pars à un rythme un peu moins élevé que mon plan de course.
Ayant oublié mon bracelet du marathon de Paris à la maison, je me suis inscrit au dos du dossard mes temps de passage, tous les 4 km (c’était plus facile pour les calculs !).
Je vise une moyenne de 4mn15 au km : promis aujourd’hui, je tente de respecter le programme.
Les premiers km défilent dans en ville : Reims n’est pas plat, mais Reims est beau, surtout au petit matin avec le soleil qui perce déjà. Je rattrape rapidement des coureurs optimistes partis dans la première vague, et c’est dans un peloton où on respire que nous visitons cette chouette ville. Après 3-4km, je commence à prendre un peu d’avance sur mon plan. Tout va bien, la journée promet d’être belle.
Les coureurs du semi semblent beaucoup plus nombreux que ceux du marathon, et on distingue rapidement qui fait quelle course, les essoufflés et les irréguliers ayant opté pour la distance la plus courte.
Après 7km, je dois m’arrêter pour pisser. 30 secondes. Heureusement que les vigiles, par une étrange mesure de sécurité, nous ont confisqué nos bouteilles à l’entrée du SAS avant le départ, sinon j’y passait la minute.
Je repars du coup avec 15s de retard sur mon temps référence : désormais, je vais courir derrière cette barrière virtuelle jusqu’au bout.
Au km 10, les chemins du semi et du marathon se séparent : ça y est, je me retrouve seul.

Km 10 -> Km26 : Montagnes russes
Je me retourne, personne à l’horizon. 2 gars devant moi, à environ 200m. Un premier objectif : les rattraper, au train.
Après avoir traversé une zone commerciale, nous quittons la ville pour entamer la tournée des petits villages environnements, où les faux-plats de la ville vont céder la place aux vraies montées des petits patelins.
D’entrée de jeu, l’écart à la montre avec le temps de référence se creuse. Je perds du temps dans les montées, que je ne regagne pas dans les descentes. 30s, 40s, 1mn, … inexorablement mon coach virtuel s’envole. Je décide certes de surveiller la montre pour conserver un écart « raisonnable », mais surtout de profiter de la course. Les paysages sont magnifiques, les villages traversés nous reboostent au gré des animations locales, les fanfares et les groupes musicaux étant très nombreux sur l’ensemble du parcours.

C’est vraiment top. Et les encouragements reçus, tu sais qu’ils sont pour toi, pas pour le mec devant (qui est 200m devant), ni pour celui derrière (à peu près à la même distance).
Ces attentions personnalisées font que, même si le tracé est difficile, et que mon rêve de 03h00 au marathon s’éloigne doucement, j’enquille les km avec un réel bonheur, heureux de pouvoir partager ça avec les gamins, les petites vieilles et les bénévoles que je croise au fil des bornes.


Quelques coureurs me passent, j’en double quelques-uns. L’avantage de ces courses plus « intimes » (en comparant avec Paris), c’est que tu vois tes adversaires, et que tu échanges un peu avec eux. D’ailleurs, on ne peut pas vraiment parler d’adversaire dans ce genre d’épreuve : celui qu’on combat tous, c’est le chrono qui défile. Et clairement, autour de moi, on a tous le moins de 03h00 en tête.
Je passe le semi en 1h31mn30s environ, soit 1mn30 de retard. Et le profil qui se présente à moi me laisse penser que le retard va continuer de croitre…
Km 23, un gars me dépasse, « l’homme en noir ». Me voyant pas trop à la fête dans la montée, il me demande si tout va bien. Je lui réponds que oui, mais que l’enchainement des montées-descente, ça use. Il me répond qu’on est sur les bases des 3h, qu’il faut sprinter dans les descentes, que la dernière montée est au km 25, et que les 12 derniers km sont plats. Il a fait la course l’an dernier, je ne demande qu’à le croire. Je vais tâcher de le garder à vue, en me disant que la barrière des 3 heures, c’est désormais lui.

La fameuse montée dans les vignes, annoncée par le speaker lors du briefing d’avant course, se présente enfin à nous. Elle est longue, caillouteuse, un petit air de trail. Un gars que j’ai doublé il y a 3 minutes me redouble dans la montée. Son essoufflement me laisse penser qu’il ne va pas tarder à exploser.


Km26 -> Km39 : Opération accrochage
C’est chose faite sitôt le virage à gauche, et la dernière longue descente entamée. Mon retard dépasse allègrement les 2 minutes maintenant. Je reviens tout doucement sur « l’homme en noir », qui court avec « l’homme en bleu », un coureur qui m’avait dépassé au km14.
Je les ai en point de mire, l’écart se réduit doucement, tout doucement. Les 2 dernières montées du jour se présentent sous la forme de 2 ponts successifs : rien de bien méchant, je sais désormais que la balle est dans mon camp. Mon objectif initial est revu à la baisse depuis longtemps, je veux juste faire mieux qu’à Paris. Un record personnel, ça se prend quand même !
Au km 30, nous rejoignons le canal : la coulée verte de 10km nous attend désormais. Dans le virage où se situe le ravito, 50 spectateurs sont là, silencieux : j’arrangue la foule, qui réagit vivement en applaudissant. Je récupère cette énergie et je pars pour un contre la montre en ligne droite, dans ma bulle.
Je dépasse 1, puis 2, puis 3 coureurs, puis un aviron, je croise un cycliste dans un large virage qui me dit de prendre la corde, c’est plus court !
Mes 2 gars en bleu et noir se rapprochent : encore 200m, à peine.
Au km 35, je ravitaille une dernière fois, en remplissant ma gourde avec la bouteille récupérée. Plus rien ne peut m’arriver, je prends un dernier gel, comme je les fais toutes les ½ heure depuis le départ.
Je « file » à 4mn10 au km. Chaque borne, je grappille quelques secondes, et chaque borne, je dépasse des coureurs. Et chose étonnante, ils m’encouragent. Ils comprennent à mon allure que j’ai entamé un contre-la-montre, et me motivent à aller chercher ce à quoi eux ont dû renoncer la mort dans l’âme, et les cuisses en vrac.
A 5 km du but, le « coureur en noir » lâche le « coureur en bleu », que je rattrape quelques centaines de mètres plus loin.
A 4km du but, je vide la moitié de ma gourde histoire de m’alléger au maximum.
Au km 39, il me reste 13mn pour parcourir les 3,2km restants. Je comprends alors que depuis le début, mes calculs sont faux. L’allure pour faire 03h00 au marathon, c’est 4mn16, et non 4mn15 au km : résultat, j’ai 39 secondes d’avance sur ce que je croyais. Il ne me reste donc « plus que » 40 secondes de retard à rattraper sur 3200m. En gros, je dois terminer à 15km/h.
Facile à dire.
Sauf que les jambes couinent fort à l’instant présent, et que le cœur commence à s’emballer.
Au km40, demi-tour sur la gauche, je croise sur ma gauche les coureurs du marathon que je viens de doubler, et à droite les coureurs du 10km qui ne vont pas tarder à fondre sur moi.
Dernier tunnel, reste 1km.
Un gars m’encourage, me dit que je suis en tête. Il me prend pour le 1er du 10 km !
Je me retourne, la meute déboule.

Dernier 200m
Au passage du km 42, le 1er du 10 me dépasse. Je me dit que si je suis capable de le suivre, je passe sous les 3heures. Il me reste 200m, et 39 secondes au chrono, soit finir à environ 18km/h.
Dernière ligne droite, je vois la ligne au loin, et l’heure qui s’affiche : 11h31mn, et les secondes défilent.
Je dois passer avant 11h32mn00.
A 11h31mn50s, je ne respire plus, mais je me lance dans un sprint final.

Je passe la ligne à 11h31mn59s, je stoppe ma montre….. 3 secondes de trop !!!On nous a lâché 4 secondes trop tôt ce matin.
Je m’affale sur le podium, les bras en croix. Un gars me rejoint, fais pareil, et se met à chialer.
Je lui tape dans la main, le félicite : il a dû gagner son pari.
Le gars en noir est là, il a mis 02h58 et quelques secondes : arrivé juste devant moi, mais parti 2 mn après moi.
Idem pour le gars en bleu, qui termine 2mn derrière moi… en 02h59mn58s.
J’en souris.
J’ai fait le job.

Après course
Après avoir enfilé une coupe de champagne au ravito, je file me changer à l’hôtel. Titia m’appelle : il lui reste 7km, elle me dit qu’elle va passer sous les 4 heures.
Je retourne sur la ligne d’arrivée, et en effet, en 03h58mn06s, ma pouliche en termine.

Elle a assuré grave !




Site de la course : http://www.runinreims.com/fr
Classement :  http://www.runinreims.com/fr/evenement/resultats/resultats-marathon

2 commentaires:

  1. Pas d'inquiétude, tu as les 3h00 dans les jambes ...
    c'est pas pour cette fois ci, ce sera pour la suivante !
    certains te diront que 3h00min 03 c'est pareil que moins de 3 h mais dans notre tête c'est pas tout à fait exact .
    tente à nouveau et avec l'expérience de cette année, tu feras mieux .
    Bravo tout de même, à ton âge il faut le faire :)

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    1. Merci jeune freluquet. Je t'ai déjà expliqué qu'on bonifiait avec l'âge... Ton tour viendra ;-)

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